Samura ben Jundab dit: «Après la prière, le Messager de Dieu (ç), en se tournant vers nous, avait l’habitude de nous demander de lui raconter les songes que nous avions vus la nuit. Et si l’un de nous avait eu un rêve, il le raconterait autant que plût à Dieu. Un jour qu’il nous avait posé la question: « Lequel de vous a vu un rêve cette nuit? » Et comme on lui avait répondu négativement, il dit: « Cette nuit, j’ai vu deux hommes venir à moi puis me prendre par la main et m’emmener vers la terre Sainte. Et voilà que nous sommes arrivés près d’un homme assis alors qu’un autre homme était debout, tenant à la main un instrument en fer courbé à l’extrémité (une partie de nos compagnons, en se reférant à Mûsâ, rapportent que l’homme faisait introduire ce crochet de fer dans le coin de la bouche de l’homme assis, puis il tirait jusqu’à ce qu’il eût ramené le coin de la bouche vers la nuque. Il procédait ensuite de la même manière avec l’autre coin de la bouche et quand le premier coin guérissait, il renouvelait le supplice). Que signifie ceci, ai-je demandé à mes compagnons. – En route! m’ont-ils répondu. Nous nous sommes alors mis en marche si bien que nous sommes arrivés près d’un homme étendu sur le dos, alors qu’un autre homme était debout tenant à la main un rocher qu’il relachait sur la tête de l’homme étendu, puis qu’il reprenait après le broyage de celle-ci. Il récidivait chaque fois que la tête du supplicié redevenait comme elle était. J’ai alors demandé: Qui est celui-là? mais ils m’ont répondu: En route! Nous avons donc repris notre chemin pour arriver à une cavité ressemblant à un fourneau, étroit au sommet, large à la base. Au dessous, il y avait un feu qui se consumait. Lorsqu’il se rapprochait…, ils (les suppliciés) se soulevaient jusqu’au point où ils risquaient de sortir et lorsqu’il s’apaisait, ils revenaient… Il y avait des hommes et des femmes nus. J’ai alors demandé: C’est qui? et ils m’ont dit: En route! Nous avons donc repris notre marche si bien que nous sommes arrivés à un fleuve de sang au milieu duquel un homme se tenait debout (Sur la rive, il y avait un autre homme qui tenait un amas de pierres devant lui, ajoutent Yazîd et Wahb ben Jarir, en se référant à Jarîr ben J:Iâzim). Chaque fois que l’homme qui se trouvait dans le fleuve essayait de regagner la rive, l’autre lui jetait des pierres dans sa bouche, l’obligeant ainsi à retourner là où il était; à chaque fois qu’il tentait de sortir du fleuve, l’autre lui jetait une pierre dans la bouche; ce qui contraignait [le nageur] à reprendre sa place. J’ai alors dit: Qu’est-ce que cela? mais ils m’ont répondu: En route! Nous avons donc repris notre course si bien que nous avons atteint un jardin tout vert. Là, il y avait un grand arbre. Au pied de l’arbre se tenaient un vieillard et des enfants, et il y avait aussi près de l’arbre un homme qui entretenait un feu allumé. Les deux hommes m’ont fait monter sur l’arbre puis m’ont fait entrer dans une maison; je n’en ai jamais vu d’aussi splendide! Il y avait des hommes, des vieillards, des jeunes gens, des femmes, des enfants. Ensuite, ils m’ont fait sortir et m’on fait monter l’arbre pour entrer dans une [autre] maison encore plus belle et plus splendide et dans laquelle se trouvaient des vieillards, des jeunes gens, des femmes, des enfants.
« » Vous m’avez promené toute cette nuit, ai-je alors dit, expliquez-moi [maintenant] ce que j’ai vu. – Volontiers, m’ont-ils répondu [enfin]; eh bien! celui que tu as vu et dont on fendait les parois buccales était un menteur qui s’exprimait avec des mensonges, lesquels étaient diffusés jusqu’aux limites de l’horizon. Celui-là, on continuera à le traiter ainsi jusqu’au Jour de la Résurrection. Quant à celui dont
on fracassait la tête et que tu as vu, c’était un homme à qui Dieu avait enseigné le Coran mais qui s’endormait la nuit [ sans faire de récitation et passait la journée sans le mettre en pratique. Cet homme, on le traitera ainsi jusqu’au Jour de la
Résurrection. Ce que tu as vu dans le fourneau, c’étaient les gens coupables d’adultère. Celui que tu as vu dans le fleuve était un de ceux qui mangeaient de l’usure. Par contre, le vieillard qui se tenait au pied de l’arbre, c’était Ibrâhîm ( Salut sur lui) et les enfants qui l’entouraient, c’étaient les fils des hommes. Celui qui entretenait le feu, c’était Mâlik, le gardien du Feu. La première maison où tu étais entré est la demeure de l’ensemble de croyants. Quant à cette demeure, c’est la demeure des chahîd. Moi, je suis Jibrâ’îl et voilà Mikhâ’îl. Et maintenant, lève la tête. J’ai levé la tête et j’ai vu au-dessus de moi quelque chose comme un nuage. Voilà, m’ont-ils dit, la demeure qui t’est destinée. – Laissez-moi y entrer », leur ai-je demandé. Mais ils m’ont répondu: Il te reste encore un temps à vivre. Quand tu l’auras achevé, tu entreras dans ta demeure. »»