… Mâlik dit: «J’étais assis avec les miens après le lever du jour, quand arriva un messager de ‘Umar ben al-Khattâb et me dit: « Rends-toi chez le Commandeur des Croyants! » En effet, je me rendis avec ce messager chez ‘Umar.
En entrant, je le trouvai assis sur un lit de feuilles de palmier tressées et que ne recouvrait aucun tapis, appuyé sur un coussin de peau. Je le saluai et m’assis. Il me dit alors: « O Mâlik! plusieurs des tiens viennent d’arriver… et j’ai donné l’ordre de leur donner quelques menus secours. C’est toi qui vas prendre ces secours et les distribuer entre eux. – 0 Commandeur des Croyants! lui répondis-je, pourquoi ne charges-tu pas pour cette mission quelqu’un d’autre…? – C’est toi qui vas les prendre! » Et tandis que j’étais assis chez lui, son gardien d’entrée, Yarfa’, vint lui dire: « Il y a là ‘Uthman, ‘Abd-ar-Rahman ben ‘Awf, az-Zubayr et Sa’d ben Abu Waqqas qui demandent la permission d’entrer, veux-tu la leur accorder? – Oui, répondit ‘Umar. » Yarfa’ les fit donc entrer; ils saluèrent et prirent place. Quelques instants après, Yarfa’ revint dire: « Veux-tu accorder la permission d’entrer à ‘Ali et à ‘Abbas? – Oui, répondit ‘Umar. » Yarfa’ les fit donc entrer; ils saluèrent et prirent place.
«’Abbas: « O Commandeur des Croyants! [veux-tu] juger entre moi et celui ci? » (En fait, il y avait un litige entre ‘Abbas et ‘Ali au sujet de ce que Dieu avait accordé à son Messager des biens des béni an-Nadir…) Et les présents de dire: « Oui, Commandeur des Croyants, soit juge entre eux deux, et mets-les en repos du souci qu’ils se font l’un l’autre. »
«’Umar: « Patience! je vous conjure, au nom de Dieu, par la permission de qui subsistent les cieux et la terre, ne savez-vous pas que le Messager de Dieu a dit ceci: « On n’hérite pas de nous ce que nous laissons est une aumône », et que par ces propos, il voulait parler de sa propre personne? » Le groupe de ‘Uthman répondit: « Oui, il a bien dit cela. » Alors ‘Umar s’approcha de ‘Ali et ‘Abbas et leur dit: « Je vous conjure au nom de Dieu! êtes-vous au courant que le Prophète a bien dit cela? – Oui, il l’a bien dit, répondirent-ils. – Je vais [mieux] vous informer à ce sujet: Dieu a exclusivement accordé ce bien de prises de guerre à son Messager »; puis il récita: Ce que Dieu attribua comme prise de guerre à Son
Messager, jusqu’à: Dieu est Omnipotent.
Ces biens auxquels il est fait allusion, poursuivit ‘Umar, revenaient donc spécialement au Messager de Dieu; par Dieu, il ne les a point accaparés, ni s’en est réservé pour son intérêt personnel; [au contraire], il vous en a fait don, et les a partagés entre vous; mais il lui est resté ce bien [que vous réclamez et grâce auquel] il pourvoyait aux dépenses annuelles de ses femmes; ce qui restait, il le destinait [comme] tout autre bien de Dieu. C’est ainsi que le Messager de Dieu se comportait avec ce genre de biens durant son vivant. Je vous conjure au nom de Dieu! savez-vous cela? – Nous le savons, répondirent les membres du premier groupe. – Et vous deux, reprit ‘Umar en s’adressant à ‘Ali et à ‘Abbas, je vous conjure au nom de Dieu, le savez-vous?… » Après quoi, ‘Umar reprit: « Le Prophète mort, Abu Bakr dit: C’est moi qui ai été son successeur, et en conséquence, il garda ses biens et fit d’eux ce que le Messager de Dieu avait lui-même fait; et Dieu sait qu’il fut dans leur administration, loyal, pieux, droit, attaché à la justice. Puis Abu Bakr étant mort, c’est moi qui ai été son successeur; j’ai gardé ces biens durant deux années de mon Califat, faisant d’eux ce qu’en avaient fait le Messager de Dieu et Abu Bakr, et Dieu sait que j’ai été dans leur administration loyal, pieux, droit, attaché à la justice. C’est alors que vous êtes venus tous les deux me parler: vous disiez tous deux la même chose, et tous deux vous avanciez la même prétention. Toi, ‘Abbas, tu demandais ta part, te provenant du fils de ton frère; quant à celui-ci (il voulait dire ‘Ali), il demandait la part de sa femme dans l’héritage de son père; et je vous ai dit alors que le Prophète avait dit ceci: On n’hérite pas de nous, ce qu’on laisse est une aumône. Puis, quand il m’a semblé bon de vous remettre à tous deux ces biens, je vous ai dit: Je vais vous les remettre, à condition d’être fidèles aux prescriptions de Dieu, à l’engagement par lui dicté: vous ferez de ces biens ce qu’en ont fait le Messager de Dieu et Abu Bakr, ce que j’en fais moi-même, depuis que je les administre; et vous m’avez dit ceci: Remets-les-nous. C’est sous cette condition que je vous les ai remis. »Puis, en s’adressant au groupe de ‘Uthman, il dit: « Je vous conjure au nom de Dieu! ne leur ai-je pas remis ces biens sous cette condition? – Oui, répondit le groupe. » Alors ‘Umar s’avança vers ‘Ali et ‘Abbas et leur dit: « Je vous conjure au nom de Dieu! n’ai-je pas remis les biens sous cette condition? – Oui, répondirent-ils. – Donc, voulez-vous de moi un jugement différent de celui-là?… je jure par Dieu, par qui subsistent les cieux et la terre, à ce sujet je ne rendrai jamais un jugement différent [à celui que je viens de citer]! Maintenant, si vous êtes incapables d’administrer ces biens, rendez-les moi; je peux bien m’en charger. »»