D’après Sa’îd ben Jubayr, ibn ‘Abbâs dit: Après ce qui s’était passé entre lui et son épouse, Abraham emmena Ismaël et sa mère [à La Mecque]. Il y avait avec eux une outre pleine d’eau. La mère, en buvant de cette outre, put avoir plus de lait pour son enfant. Une fois à La Mecque, Abraham installa Agar et son fils sous un grand arbre puis reprit la route en direction de chez lui. La mère d’Ismaël le suivit jusqu’à Kadâ’: « O Abraham! l’appela-t-elle, à qui nous laisses-tu? – A Dieu, répondit-il. – J’accepte la protection de Dieu », s’écria Agar qui revint alors sur ses pas. Elle but de l’eau de l’outre et eut du lait en abondance pour son enfant jusqu’au moment où l’eau fut épuisée. Elle se dit: « Si je marchais peut-être trouverais-je quelqu’un. » Elle alla monter sur as – Safâ. Elle resta à regarder les alentours dans l’espoir de voir quelqu’un mais elle ne vit personne. Elle regagna alors la vallée et se mit à marcher rapidement jusqu’à Marwa. Elle refit cela plusieurs fois avant de dire: « Si j’allais voir ce qu’il fait (elle parlait de l’enfant). » Elle y alla et elle le trouva comme s’il allait mourir. Ne pouvant supporter cela, elle se dit: « Il se pourrait que je trouverais quelqu’un si j’allais voir dans les parages! » Elle alla monter sur Safâ. Elle regarda et regarda encore mais
elle ne vit personne. Elle resta ainsi jusqu’à ce qu’elle ait terminé sept [va-et-vient]. Elle se dit ensuite: « Je vais voir ce qu’il fait. » Tout à coup elle entendit une voix, ce qui la poussa à dire: « Viens à mon secours si tu as quelque bien! » Aussitôt apparut Gabriel (Ici, en enfonçant son talon dans le sol, le râwi dit: il fit ainsi avec son talon et l’eau se mit à sourdre). Saisie de stupéfaction, Agar se mit à creuser (Si, disait Abu-l-Qâsim, elle l’avait laissée, la source serait devenue bien visible.). Elle se mit alors à boire de l’eau et eut du lait en abondance pour son enfant. De passage dans le lit de la vallée, des gens de Jurhum aperçurent des oiseaux. La chose les laissa étonnés. « Les oiseaux, se dirent-ils, ne peuvent être qu’au-dessus d’une source d’eau! » Ils envoyèrent aussitôt un homme qui, après son arrivée, découvrit qu’ils étaient tout près d’une source d’eau. Il revint vers les siens et leur annonça la nouvelle. Sur ce, les Jurhum allèrent voir Agar et lui dire: « O mère d’Ismaël! nous autorises-tu d’être avec toi? (Ou: à demeurer avec toi?) »
Arrivé à l’âge de la puberté, son fils se maria à une femme des Jurhum. D’autre part, quant à Abraham, il décida d’aller les voir. « Je vais voir, dit-il à sa femme, ce que sont devenus mes abandonnés. » A son arrivée, il salua la femme [de son fils] et lui demanda où était Ismaël. Comme elle lui répondit qu’il était allé à la chasse [sans qu’elle ne l’ait invitée], il lui dit: « A son retour tu lui diras de changer le seuil de sa porte. » En effet, quand Ismaël rentra, sa femme lui transmit ces paroles. Alors il lui dit: « C’est de toi qu’il s’agit; tu peux retourner chez les tiens. » En une autre occasion, Abraham eut le désir d’aller les [re]voir. « Je vais voir, dit-il à son épouse, ce que sont devenus mes abandonnés. »… A son arrivée, il demanda où était Ismaël. La réponse lui fut donnée par la [nouvelle] femme de son fils: « Il est allé à la chasse; pourquoi ne restes-tu pas boire et manger! – Que mangez vous et que buvez-vous? demanda-t-il. – Nous mangeons de la viande et nous buvons de l’eau. – 0 Dieu! invoqua Abraham, bénis-leur leur nourriture et boisson. (Abu-1-Qâcim, ajoute le râwi, dit alors: La bénédiction est donc due à l’invocation d’Abraham.)… Plus tard, Abraham eut encore une fois le même désir. De nouveau, il dit à sa femme: « Je vais voir ce que sont devenus mes abandonnés. » Son arrivée à La Mecque coïncida avec le moment où Ismaël était derrière Zamzam à arranger ses flèches. « O Ismaël! lui dit-il, j’ai reçu de Dieu l’ordre de Lui édifier un temple… – Tu n’as qu’à obéir à ton Seigneur! répondit Ismaël. – Mais Il m’a ordonné de me faire aider par toi. -Alors je le ferai. » Ils se mirent tous deux à l’ouvrage: Abraham maçonnait et Ismaël lui passait les pierres. Et tous deux disaient: Notre Seigneur, veuille l’accepter de nous! Tu es l’Entendant, le Connaissant. L’édifice s’élevait mais le vieillard eut de la peine à soulever les pierres, ce qui le poussa à venir se mettre sur les pierres du Maqâm. Ismaël lui tendait les pierres et tous deux disaient: Notre Seigneur, veuille l’accepter de nous! Tu es l’Entendant, le Connaissant.